Le feu elfe crépitait doucement sous la voûte étoilée. Les orofalë, silhouettes élégantes et mystérieuses, expliquaient leur présence dans ces profondeurs isolées de la Forêt Noire. Leur mission : traquer et abattre le loup géant qui terrorisait la région depuis des mois. Morwen et Elyrielle échangèrent un regard sombre. Toutes deux avaient déjà croisé la route de cette créature abominable par le passé. Pourtant, devant eux, la tête du loup trônait à présent, décapitée et inerte — mais son rictus semblait presque moqueur. Le danger semblait passé… ou presque.
Les héros expliquèrent à leur tour leur propre quête : retrouver le Bâton du Gardien, un artefact antique que Bofri avait localisé quelque part dans le Moulin Fortifié. Devant la convergence de leurs chemins, les elfes et les aventuriers décidèrent de cheminer ensemble.
Mais la Forêt Noire avait d’autres desseins.
L’attaque des Loups Noirs
À peine eurent-ils quitté le campement que des hurlements inquiétants retentirent au loin. Ce n’étaient pas de simples loups… Non, ces cris portaient une note d’intelligence froide et d’agressivité surnaturelle. Surgissant des ténèbres, une meute de loups arriva, accompagnée de deux bêtes gigantesques, des loups de bataille à la taille de poneys. Sur les visages des aventuriers passa un frisson : le chef décapité n’était visiblement pas le seul prédateur à craindre dans ces bois maudits.
Les elfes, déterminés à protéger la mission principale des compagnons, crièrent à Erestor et ses alliés de fuir et de continuer leur quête. Tandis qu’Elyrielle s’éloignait, bravache, scandant : « Je n’ai peur de rien ! », un cri déchirant s’éleva dans la nuit. Un elfe venait de tomber sous les crocs ennemis. Erestor, saisi par l’émotion, détala à vive allure dans les sous-bois. Les compagnons peinaient à le suivre, la forêt semblant resserrer ses griffes autour d’eux.
Morwen et la porte secrète
Séparée du groupe, Morwen, fuyant à travers les fourrés, tomba sur une créature étrange, un homme au sang mêlé, aux yeux fous. Cherchant un abri, elle découvrit une porte secrète incrustée dans le tronc d’un immense arbre ancien. Mais en tentant de rejoindre ses compagnons, elle perdit pied et chuta dans un trou dissimulé sous la mousse.
Erestor, en poursuivant l’homme hybride, entendit les appels de Morwen. Rapidement, tous finirent par se regrouper et la secourir. Deux chemins s’offraient alors à eux : continuer vers le Moulin, repéré en éclaireur par Turgon, ou percer le mystère de la porte secrète découverte par Morwen. L’appel de l’inconnu l’emporta.
Le sanctuaire secret
La porte, gravée de runes anciennes, céda après que le groupe en élucida ingénieusement l’énigme. Derrière s’ouvrait un couloir sinueux, menant à un vaste complexe souterrain. Après plusieurs bifurcations, ils atteignirent un promontoire surplombant un véritable sanctuaire enfoui.
Là, un culte du mal se rassemblait autour d’un autel sacrificiel, des adeptes psalmodiant dans un silence cérémoniel. Sur le côté, trônait un objet brillant : le Bâton du Gardien. Il n’y avait pas de doute. Leur quête les avait enfin conduits à leur objectif.
L’or… et les araignées
Avant d’agir, le groupe explora le sanctuaire. Ils découvrirent une immense salle ressemblant à une ancienne mine. Un chariot débordant d’or étincelait dans l’obscurité. Hélas, les dragons n’étaient pas les seuls à convoiter de tels trésors. D’immenses araignées surgirent de leurs repaires.
Turgon et Erestor couvrirent la retraite de leurs compagnons tandis qu’Elyrielle, toujours rapide, effectua deux allers-retours entre les combats et le tas d’or, les poches remplies de pièces scintillantes. Très vite, le vacarme du combat attira de nouvelles créatures. Le groupe décida alors de fuir et referma la porte de la mine derrière eux juste avant d’être submergés.
L’audace de Turgon
Face au sanctuaire du culte encore actif, Turgon eut une idée aussi audacieuse que risquée. Enfilant une tenue d’adepte trouvée dans le vestiaire voisin, il s’infiltra discrètement au milieu des fidèles, s’approchant du bâton sous les yeux des assistants, trop absorbés par le rituel pour vraiment le remarquer. Un des adeptes le fixa brièvement, mais crut sans doute à un acte rituel. Turgon, le cœur battant, empoigna le Bâton du Gardien et ressortit tranquillement.
Le groupe, rassemblé, quitta aussitôt le complexe par la sortie repérée plus tôt. À la lumière du jour, ils découvrirent qu’ils venaient en fait de quitter les souterrains du fameux Moulin Fortifié.
Retour amer au port
Le retour vers le village portuaire fut rapide. Les compagnons espéraient une arrivée triomphale auprès de Gwina. Mais en approchant du port, une vision glaçante les attendait : tous les navires avaient été incendiés. Les voiles noircies flottaient comme des linceuls sur l’eau paisible.
Et toujours, ces mystérieux hommes en noir. Ils les suivaient. De village en village. De forêt en forêt. Toujours à bonne distance. Mais jamais bien loin.