Journal d’un long voyage – Chapitre 2 – Le retour de l’ombre

La nuit fut glaciale, mais les aigles nous déposèrent sur un promontoire rocheux, entouré de trois sapins. Ils partirent avec les œufs pour les mettre en sécurité, laissant un cerf fraîchement chassé pour notre repas. Morwen, habile de ses mains, le cuisina, et nous nous endormîmes, épuisés par les événements récents.

Pendant la nuit, des gobelins tentèrent de nous attaquer, utilisant des grappins pour accéder à notre promontoire. Nous repoussâmes la plupart d’entre eux, mais il restait encore des combats à mener au petit matin, lorsque les aigles revinrent pour nous récupérer. Voyageant sur leur dos, nous atteignîmes la lisière de la forêt, découvrant des villages dévastés, avec des habitants massacrés, du bétail décimé, des maisons pillées et incendiées.

Pendant cette sombre période, à l’exception de Turgon, chacun de nous connut un point d’ombre, tandis que d’autres villages brûlaient à l’horizon, sous la menace d’un nuage noir sinistre. Ce nuage se révéla être composé de crébains du pays de Dun, que les aigles distrayèrent tandis qu’ils nous déposaient en lisière de la forêt.

Là, nous remarquâmes des empreintes de canidés et sentîmes une oppressante présence. Erestor, terrorisé par l’obscurité, alluma un mouchoir, révélant des yeux hostiles l’entourant. Un bruit à l’arrière attira leur attention, puis les yeux disparurent pour laisser place à des hurlements de loups.

Pris de panique, nous nous échappâmes, mais une racine fit trébucher l’elfe et Morwen. Deux loups nous attaquèrent, blessant légèrement Elyrielle. Près d’un ruisseau, nous traversâmes pour brouiller les pistes. « Sheh, les loups, » murmura Turgon.

Morwen consulta ses cartes mais ne put identifier l’endroit ni la rivière non répertoriée. Heureusement, son intuition nous guida dans la bonne direction.

Elyrielle se plaignit de son manque d’adresse au lever du jour. Alors que nous avancions, des toiles d’araignée envahirent notre chemin, que nous tentâmes maladroitement d’éviter. Morwen finit par attirer les créatures à huit pattes. Erestor et Turgon se retrouvèrent emprisonnés, mais finalement, nous triomphâmes des trois araignées.

Nous continuâmes notre périple sur un chemin sinueux jusqu’à atteindre un croisement en « Y ». Erestor conseilla de prendre la droite, mais après un moment, nous nous retrouvâmes face aux cadavres de deux loups, criblés de flèches. Nous avions tourné en rond, reprenant notre propre trace. Il fallait rebrousser chemin.

Alors que nous progressions dans la sombre forêt, nous nous approchâmes d’une clairière étrangement séduisante au milieu de l’obscurité. Elyrielle et Morwen, inexplicablement attirés par une force mystérieuse, se laissèrent guider jusqu’au cœur de la clairière, tandis que Turgon et Erestor poursuivaient leur chemin sans se douter de notre sort. Ce fut alors que nous nous effondrâmes convulsant sur le sol, pris au piège de visions troublantes.

Nous vîmes une scène intrigante : des loups disposés en arc de cercle devant une imposante statue. Au pied de cette statue, un immense loup humanoïde, tenant une hache à deux mains, prononçait des paroles qui nous glaçaient le sang. Nous captions des fragments de ses discours, notamment des mentions de « l’ombre » et de l’ordre d’attaquer les Beornides. L’attitude des loups semblait troublante, comme s’ils écoutaient attentivement les ordres du chef. Cependant, le traumatisme de la vision nous empêcha de nous souvenir de tous les détails, notre regard porté sur la grande statue ayant brûlé nos souvenirs.

Finalement, Turgon et Erestor revinrent pour nous secourir, ignorant les détails de notre expérience troublante. Nous quittâmes discrètement la clairière, Elyrielle plaisanta avec un calembour pour alléger l’atmosphère.

Plus tard, dans un chemin étroit, des hurlements de loups retentirent, et nous nous retrouvâmes assaillis de toutes parts par ces créatures. En leur faisant face, nous nous rendîmes compte qu’il ne s’agissait pas de loups ordinaires, mais d’une meute menée par un terrifiant « surloup ». Morwen alluma une torche pour repousser les loups, tandis qu’Elyrielle fit preuve de bravoure, encaissant les assauts. Après un combat acharné, nous terrassâmes le chef des loups, forçant les autres à battre en retraite.

Enfin libérés de la forêt maudite, nous tombâmes sur une ferme qui semblait miraculeusement épargnée par l’ombre qui pesait sur la Terre du Milieu. Après un repas revigorant, le fermier nous informa que Beorn n’était plus qu’à deux heures de marche. Il nous accompagna avec ses chevaux, et Elyrielle usa de sa persuasion pour convaincre le garde de nous laisser interrompre le conseil de guerre en cours. Nous pénétrâmes dans le Skali, une grande pièce où deux « surhommes » et cinq éminences grises nous accueillirent. La question était sur toutes les lèvres : « Que faites-vous ici ? »